La santé digestive chez l’enfant autiste


L’autisme, de la maladie psychiatrique à la maladie digestive, ou la ”neuronutrition”

Lorsqu’on pose des questions surles selles et la santé digestiveaux parents d’enfants autistes, la plupartvous répondront que leurs enfants ont ou ont eu des problèmes digestifs.

Précisons ici qu’il s’agit d’autistes régressifs, c’est-à-dire des enfants nés avec les caractéristiques des dits neurotypiques (bon apgar, développements et comportements normaux, interaction active avec les parents et proches…) jusqu’à l’apparition des premiers symptômes du trouble du spectre autistique (TSA) entre 6 mois et 18 mois. En effet, nombre de ces enfants dès la naissance ou dans les premiers mois présentent des signes de digestion défaillante. Cela va du reflux Å“sophagien aux coliques, en passant par les diarrhées et la constipation, l’un ou l’autre sinon encore en l’alternance. On peut retrouver aussi de l’halitose, des spasmes, des gaz et des mégarectum avec accumulation de selles. Malheureusement, ces problèmes ne sont pas considérés à leur juste valeur et au mieux les parents se verront prescrire des anti-reflux, des laxatifs, des fibres… et une panoplie de médicaments.

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Or, selon de nombreuses recherches menées particulièrement aux États-Unis, en Europe et depuis peu à Toronto, la question digestive semble au cÅ“ur du développement du TSA. Comment est-ce possible ? Ce trouble est encore considéré par la médecine comme étant d’ordre psychiatrique et traité comme tel par une armada de spécialistes. Je ne vous ferai pas le cours sur la dysbiose intestinale et la porosité. Mais il s’agit bien du cÅ“ur du sujet. C’est ainsi que les études ont ainsi mis en lumière que ces enfants n’avaient pas le même microbiote que les neurotypiques. Par exemple, le professeur Ian Lipkin de l’Université de Columbia, New York, a découvert que la bactérie Sutterlla serait retrouvée dans 85 % des enfants autistes mais absente chez les neurotypiques. Il fait partie de ces nombreux chercheurs qui ont ainsi sérieusement commencé à travailler sur la piste bactérienne et les sujets connexes comme l’impact des antibiotiques.

C’est un vaste sujet qui implique autant le foie, l’absence de détoxification normale et les métaux lourds, la prolifération de levure, la transformation des macronutriments par les bactéries pathogènes en toxines chimiques comme la caséomorphine ou l’acide prioponique, leur passage à travers la paroi intestinale par le flux sanguin puis la perturbation le fonctionnement du système nerveux comme la production du collagène et de la myéline ou encore l’oxydation des acides gras… C’est triste à dire mais ces enfants sont totalement intoxiqués par une alimentation qu’ils ne sont pas capables de digérer, un peu comme un cerveau perdant sa lucidité sous l’effet de l’alcool. Si leur santé générale est ébranlée, leur développement est gravement hypothéqué.

Ces enjeux m’interpellent comme nutrithérapeute. Je n’ai rien inventé. Des médecins cliniciens et chercheurs reconnus, comme Dr Natasha Campbell-McBride en Suisse ou Dr Bernard Rimland (Austim Research Institut en Californie), travaillent sur ces sujets tous les jours depuis de nombreuses années. Ils mobilisent autour d’eux chercheurs, parents et professionnels pour faire avancer la recherche et la prise en charge. Pour ma part, c’est peut-être parce que j’ai côtoyé toute ma jeunesse ces enfants ou que j’ai vu des amis totalement désemparés face au diagnostic, mais je trouve navrant que les parents ne soient pas informés de cette voie thérapeutique au même titre que la nécessité de leur offrir un accompagnement en orthophonie ou en ergothérapie.

Les médecins québécois ne présentent pas ces informations alors que jusqu’à 70 % des enfants verront une amélioration des symptômes avec une prise en charge nutritionnelle précoce. Certains appellent ça de la ”neuronutrition”, donner au cerveau l’alimentation dont il a besoin pour bien fonctionner! Un jour, nous pouvons espérer que la recherche génétique sur le lien cerveau-intestin-microbiote nous amènera vers la Médecine personnalisée de l’autisme comme le soutient Dr Alessio Fasano. Nous pourrons ainsi passer de 70% d’amélioration de la condition autistique à 100%.

En attendant, je considère qu’il est majeur de donner à ces enfants autant une meilleure qualité de vie qu’un intestin en santé. Quelques parents québécois ont témoigné des résultats plus que positifs obtenus pour leurs enfants comme Madame Nathalie Champoux (Être et ne plus être autiste, Ed. FIDES, sorti le 2 octobre dernier). Ils sont rares car peu connaissent cette option. Les plus curieux restent aussi peu nombreux à tenter l’aventure d’une diète adaptée. Car c’est tout l’enjeu, un protocole lourd et minutieux incluant une alimentation de ”type hypotoxique” aussi appelée DAN ou GAPS et des différents cures et traitements le tout encadré par un coaching serré pour assurer les meilleures conditions de réussite. Comme disait Dr Seignalet, ”10% d’erreur, c’est 90 % de problème”, c’est donc une aventure qui demandera aux parents plus que des modifications accessoires de leur panier d’épicerie. C’est un engagement total.

Cette caractéristique digestive et intestinalede l’enfant TSA se retrouve également chez l’enfant épileptique, dyslexique, dyspraxique et hyperactif (TDHA). C’est pourquoi un protocole similaire néanmoins adapté à chaque enfant est mis en place avec succès.

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