Manger traditionnel ou nord-américain : les effets de la perte des traditions alimentaires


Manger traditionnel ou nord-américain ?

Une série de 4 articles sur les effets de la perte des traditions alimentaires

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Partie 1 – Onion ring, pattes d’ours… et migraine.

Manger est un acte en apparence simple qui dépasse toutefois l’acte de mettre des substances nutritives dans sa bouche en vue d’en retirer de l’énergie. C’est une clé culturelle, un élément de l’identité, de l’imaginaire et du rapport aux autres. Il est aussi un lien direct avec la santé et le bien-être du corps comme de l’esprit. Cette prémices de base guide une consultation en nutrithérapie et m’amène souvent à me questionner: Pourquoi les personnes issues de communautés culturelles sont-elles confrontées à des maladies occidentales liées aux habitudes de vie et alimentaires nord-américaines quelques années après leurs arrivées au Canada ?

Je n’avais jamais mangé de salade Boston ou de ”french onion ring” avant d’arriver au Canada. J’ai aussi vitre constater que vivre en Amérique du Nord, c’est aussi accéder presque sans limite et à tous les coins de rue, à des ”restaurants” de type junk food. Comment résister ? L’alimentation est une composante de ce rêve américain de se construire un avenir prometteur pour beaucoup.

C’est ainsi que dans la cuisine d’immigrants, les aliments transformés, riches en sucre et gras de mauvaise qualité, vides sur le plan nutritionnel mais tout à fait conformes au modèle nutritionnel nord-américain vont apparaître pour devenir rapidement omniprésents. Prenons l’exemple de laboite à lunch des enfants, elle est en tout point égale à celles des enfants de parents nés ici: jus en boite, biscuits type patte d’ours, snack bon marché (ex. bâtonnet avec fromage fondu orange), viande cuite transformée pour le sandwich, mayonnaise et autres sauces en tout genre, avoine aromatisée sous toutes ses formes, sans parler de frites, d’hamburger, saucisse type pogo, cornet de glace en guise de petit déjeuner… Ouf, je pensais que les habitudes alimentaires culturelles se maintenaient au moins une génération. Plus si sure!

Il reste que je suis inquiète des choix alimentaires de ces personnes et de l’impact de ces changements alimentaires sur leur santé. Problèmes digestifs, sensibilités et allergies alimentaires, douleurs articulaires et inflammatoires, syndrome métabolique, prise de poids, maladies auto-immunes, autisme et hyperactivité, maladies en ”ite” (otite, rhinite…), thyroïde, migraine etc. Ces maladies et inconforts concernent tout le monde, quelque soit l’origine, à la différence que les personnes d’origine immigrante ne connaissaient pas nécessairement ce type de problème dans leur pays d’origine ni dans leur famille. Ce sont toutes des maladies ou des inconforts en lien avec l’alimentation. Si d’autres causes peuvent aussi entrer en jeu et créer un effet déclencheur ou encore catalyseur, il reste que ce sont des maladies dites de sociétés dites modernes et occidentales.

Aussi, pourquoi ne pas revenir ou conserver ses traditions culinaires ? Retrouver le bon sens des plats des grands-mères ? Et garder les autres pour un spécial. Plus que tout, il faut craindre ces boites colorées et ces aliments tout prêts, frits, gorgés de sel, de sucre industriel, de farines et de substances douteuses incompréhensibles. Il est impératif de développer son sens critique lorsqu’on remplit son cadi, ainsi que celui des enfants face à des publicités qui vous martèlent que ”… 2 c’est mieux”. Il est important de fuir les produits allégés mais enrichis en autres choses souvent bien pires.

Quand j’explique l’intérêt de redécouvrir la simplicité des plats sans prétention mais faits d’aliments vrais et de la cuisine traditionnelle, je fais face à des regards perplexes, puis un grand silence… Viennent ensuite les mêmes questions ”ouiii mais le gras, c’est mauvais, cela fait grossir. N’est-ce pas mauvais ? Comment faire alors ?”

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Partie 2 – Oui mais le gras ?

Une série d’articles sur les effets de la perte des traditions alimentaires

Je pourrais écrire des articles entiers sur le gras et ses bienfaits. Des auteurs, plus souvent qu’autrement des médecins, y consacrent d’ailleurs des livres entiers et tentent de casser 50 ans de lavage de cerveau. Le gras et le cholestérol sont des composants essentiels de notre cerveau, l’autre étant l’eau. Les fonctions métaboliques du gras sont primordiales et directement impliquées dans le système immunitaire. Ainsi les bons gras comme les oméga-3 et les mono-insaturés diminuent l’inflammation tandis que les gras hydrogénées (cf les biscuits industriels) l’attisent. Certaines vitamines sont liposolubles comme A, D, E et K. Elles ont besoin de gras pour être assimilées. Rien ne sert donc de prendre de la vitamine D si vous ne mangez pas du gras en même temps. Vous ferez pipi votre vitamine ! Le gras joue un rôle protecteur contre certaines maladies chroniques comme l’Alzheimer appelé aussi le diabète de type 3, la dépression, les troubles saisonniers…

Mais attention pas n’importe quel gras ! Bannissez les graisses saturées transformées issus de la transformation industrielle. Mais réintégrez les acides gras qui sont vos alliées. Pour éviter de tomber dans le cours de nutrition, je préfère rappeler que nos grands-parents mangeaient gras; ils n’étaient pas gros; ils ne souffraient d’aucune maladie citée dans l’article précédent. La raison est qu’ils mangeaient de bons gras. Même s’ils étaient issus de la viande, ils n’avaient subi aucune friture. La cuisine traditionnelle a généralement une cuisson lente et ne transforme pas le gras en trans ou graisse hydrogénée comme retrouvés dans les aliments transformés du supermarché. Et ils étaient en santé. Leurs enfants n’étaient pas hyper actifs, TSA, ne souffraient d’aucun manque de concentration, de sensibilité alimentaire ou encore d’eczéma. La cuisine se composait d’aliments simples: des légumes frais du jardin, des poissons et des viandes sauvages ou de culture locale, sans antibiotique ni irradiées, éventuellement de pain fermenté au levain sinon des grains locaux qui n’étaient pas forcément que du blé ou du riz, de yaourts ou de fromages crus contenant des bactéries vivantes occasionnellement, de fruits de saison, de noix… Et les mères allaitaient.

A ce propos, notez que le lait maternel contient 54 % d’acide gras saturés, un gras essentiel pour construire un cerveau d’un enfant qui sera capable d’apprendre et de raisonner. Ce sont des gras saturés sains qui contribuent aussi au bon fonctionnement des poumons, des yeux… dont les membranes des cellules sont faites de cholestérol. La différence concernant un gras saturé et un autre tient à ses origines, sa transformation ou non, et à sa cuisson. On parle ainsi beaucoup ces derniers temps de l’huile de coco, un gras saturé à chaine moyenne, et aussi un remède pour le cerveau des personnes âgées.

En quoi l’alimentation nord-américaine est-elle si nocive alors qu’ici tout semble si scientifique, mesuré, que les médias débordent d’information nutritionnelle ?

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Partie 3 – Et le sucre?

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L’alimentation nord-américaine contrairement aux cuisines traditionnelles a un gros défaut: elle déborde de sucre de toute sorte. Que ce soit du sucre blanc, fructose-glucose ou des glucides issus des farines, des pommes de terres…, le sucre est réellement problématique pour la santé humaine.

Dès un certain niveau de glycémie, il interfère avec différents neurotransmetteurs et le magnésium nuisant ainsi au bon fonctionnement du système nerveux. Que pensez alors d’un petit déjeuner aux céréales d’amidon enrobées de faux miel acheté aux enfants ? Il est notamment question du phénomène de glycation et de son lien sur le rétrécissement sur les tissus cérébraux. C’est ainsi que le lien entre diabète et Alzheimer a été fait. Le foie ne peut métaboliser que de très petites quantités de sucre; le reste est immédiatement transformé en graisse adipeuse qui forme un méchant bourrelet sur le ventre et entraine avec lui des problèmes de diabète, d’humeur et neurologiques.

Oui, mais mes grands-parents mangeaient beaucoup de pain ? Exact, mais il n’était pas fait de grains génétiquement modifiés, hybridés, remplis de gluten. De plus, il était fermenté. En cela, cela fait toute la différence !

Le sucre et les farines font l’objet de livres entiers qui embêtent énormément les producteurs de sucre et notamment de maïs et de blé, une grosse industrie en Amérique. Il faut savoir que ils sont directement impliqués dans la prolifération de bactéries pathogènes intestinales qui provoquent ballonnement, gaz, rage de sucre… Mettez par-dessus quelques traitements antibiotiques et vous verrez apparaître un bon syndrome du côlon irritable.

Y avait-il du sucre dans les plats de vos grands-mères ? Aujourd’hui en Amérique, c’est 65 kg par personne année. Il y a 100 ans, ici même en Amérique, c’était 10 fois moins. Le sucre restait un spécial pour un anniversaire, une fête, un cadeau. Aujourd’hui, même quand on croit être prudent, il est possible d’en trouver dans des boites de sardines à la tomate allégées en gras !

Cela explique tout un mouvement alimentaire avec les régimes cétogène, Seignalet/hypotoxique, paléo… On peut les voir comme des modes. Ils peuvent être par contre de véritables clés d’un rétablissement. Ils sont, selon moi, la manifestation d’une prise de conscience, de l’importance de revenir au bon sens et de trouver des solutions (en dehors des médicaments). Nos ancêtres -pas seulement les gaulois, je parle ici des chausseurs-cueilleurs donc des ancêtres communs à tous quelque soient nos origines- mangeaient jusqu’à 75 % de graisses, 5% de glucides et 20 % de protéines. Plus proche de nous, les Inuits, encore pas si longtemps. Aujourd’hui, la rapport est inversé: c’est 60% de glucide, 20 % de graisses (bien souvent des mauvaises) et 20% de protéines.

Faut-il alors calculer ses portions ? Devrions-nous tous manger paléo ? Pourquoi le repas de nos grand-mères devraient-ils être un bon modèle pour rester en santé ?

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Partie 4 -Manger simple, manger vrai.

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Nous avons vu dans les articles précédent l’importance de revenir au bon sens de l’alimentation traditionnelle versus nord-américaine. La qualité est finalement ce qui ressortaient comme élément de différenciation entre ces deux cuisines. Je ne pense pas que tout un chacun devrait manger paléo ou hypotoxique si la nécessité médicale n’est pas là. Par contre, s’en inspirer pour améliorer votre hygiène et guider nos pratiques alimentaires, oui certainement!

En fait, pour éviter d’avoir à se poser de telles questions, j’encourage toute personne sensible aux questions de santé du corps et de l’esprit, de revenir au bon sens de l’alimentation traditionnelle. On y retrouve beaucoup des principes de base comme la cuisson douce, les aliments naturels… Pourquoi ?

Pour une raison très simple: nos grands-mères ne calculaient pas des pourcentages dans leurs assiettes. Elles n’avaient pas de pèse-aliments. Il ne suffit pas de travailler sur la quantité et les portions comme trop souvent je peux constater dans ma pratique. Il faut tenir compte de l’importance de la qualité qui fait trop souvent défaut en Amérique du Nord. Je fais référence aux aliments biologiques. Même si tout le monde ne peut se permettre, en acheter à chaque fois que c’est possible, c’est donner un coup de pouce à une agriculture respectueuse de la terre de croître et de nous fournir des aliments vivants.

Un autre point d’importanceest de se connecter avec ses sensations. Nos grand-mères ne calculaient pas car elles connaissaient leur sensation de faim, de soif, de satiété… Manger du junkfood, grignoter à toute heure, avaler en toute hâte un sandwich au bureau contribuent en plus de bien d’autres facteurs à interférer avec ce ressenti et le langage du corps.

C’est pourquoi j’explique aussi l’importance du repas en famille et de mâcher tranquillement, sans télé, tablette, téléphone, à des heures fixes, de reposer son estomac avec pour certains de petits jeunes ou des plats nettoyants. La traditionnelle soupe au chou n’a pas été inventée pour un film du même nom, mais parce que ce légume est particulièrement bénéfique pour le système digestif. Et nos grands-parents le savaient intuitivement.

En conclusion de cette série d’articles sur la question de manger traditionnel ou nord-américain, revenir à ses traditions, à ses bases, ne signifie pas selon moi revenir en arrière. C’est s’assurer de vivre en santé dans son corps et sa tête, et d’être bien dans son assiette quel que soit le pays où l’on a choisi de construire sa vie. S’il est vrai que nous sommes ce que nous mangeons, s’il est vrai – comme le démontre tous les jours les scientifiques – que notre système digestif est notre première barrière immunitaire, il est bon de garder le meilleur de nos traditions pour préserver notre capital santé et de ne pas nécessairement intégrer ce qui le mine. Cela n’impacte en rien l’appartenance à sa nouvelle société, c’est au contraire l’enrichir de sa culture. Manger des aliments vrais et cuisinés soi-même sont des gestes simples qui font obstacle à ces maladies de société et préserve la santé de nos enfants.

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